L'eau en élevage

La consommation d’eau par les animaux est un indicateur clé de la santé du troupeau, d’autant plus que les pertes quotidiennes sont nombreuses : transpiration, respiration, salivation, métabolisme, lactation, ruine, matières fécales. 

Sur une journée, les pertes peuvent varier entre 20 et 60L, sans compter la production laitière !

La consommation d’eau dépend du stade physiologique (croissance, gestation, lactation), du niveau de production, de la morphologie (race, taille, poids) mais également du type d’alimentation (teneur en matière sèche) ou de l’environnement(température extérieure, hygrométrie). 
Une vache adulte, selon son stade de production peut boire de 50 à 100L sur une journée.

Tout phénomène pathologique (diarrhée, fièvre) augmente également de manière significative les besoins en eau des animaux : lorsqu’un bovin boit moins, c’est un signal d’alerte à prendre au sérieux car si une déshydratation de 10% pose de sérieux problèmes, à 20% c’est la mort assurée !

Quelques rappels sur la qualité de l’eau

 

Même si les bovins ont une tolérance plus importante que les êtres humains concernant la qualité de l’eau, c’est un paramètre essentiel en élevage bovin.

  • Qualités organoleptiques :

L’aspect, le goût et l’odeur de l’eau distribuée à vos animaux sont d’excellents indicateurs sur la qualité générale de l’eau. Un bon moyen d’évaluation consiste à répondre à une question très simple : « est-ce que je la boirais ? » 

Une étude récente (Karin et al, 2019) a d’ailleurs démontré qu’une eau faiblement contaminée par du fumier (0,005%) induit une chute de consommation d’eau de 10% de 28% lorsqu’elle est fortement contaminée (0,01% de fumier). L’hygiène des abreuvoir est donc fondamentale.

De plus, si les bâtiments sont mal ventilés ou qu’une fosse à lisier est proche du point d’eau, le goût de l’eau peut également être altéré et la prise de boisson diminuée.

  • Dureté :

La dureté, ou titre hydrométrique est généralement exprimée en degré français (°f). Cette valeur indique la quantité de charges minérales dans l’eau (principalement calcium et magnesium). Une eau dure favorise le risque d’encrassement de la tuyauterie, ce qui entraîne l’apparition d’un biofilm qui favorise le développement de germes.

On recommande généralement un titre hydrométique entre 5 et 10 °f.

Plages de valeurs du titre hydrotimétrique :

  • Autres paramètres :

Une perturbation du pH de l’eau de boisson entraînera des troubles au niveau de la flore ruminale ainsi qu’au niveau intestinal(diarrhée).

On recommande généralement un pH entre 6 et 7.

La quantité de chlore (Cl-) est à surveiller, particulièrement chez les vaches taries avec une balance anions/cations (BACA) négative et sont donc plus sensibles à une sur-acidification. Les ions Clpeuvent également provoquer des dégâts au niveau du rumen et perturber le métabolisme de la thyroïde et des hormones associées.

Les sulfates en excès peuvent principalement perturber l’absorption des oligo-éléments et les nitrates, dégradés très rapidement en nitrites dans le rumen, ont tendance à s’accumuler ; ce qui se traduit généralement par des troubles de la reproduction (IVV augmenté) en raison d’une altération du transport de l’oxygène vers les organes.

On recommande généralement une quantité de sulfates < 250 mg/l et une quantité de nitrates < 45 mg/L.

Le fer (sous forme ferrique Fe2+) altère rapidement le goût de l’eau (diminution d’abreuvement à partir de 0,3 ppm) et perturbe l’absorption des oligo-éléments (zinc, manganèse et cuivre), ce qui peut entraîner des carences. On recommande généralement une quantité de fer < 0,3 mg/L.

Concernant les bactéries dans l’eau, aucune norme n’est décrite au niveau européen en élevage bovin, mais 3 points sont à retenir :

    • Germes non pathogènes en grand nombre = eau de mauvaise qualité
    • Germes pathogènes, même peu nombreux = eau de mauvaise qualité
    • Chez les veaux = TOLÉRANCE ZÉRO

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